Instruments de musique

Lors des spectacles et des concerts offerts par l’Atelier du Conte en Musique et en Images (ACMI), le public a l’occasion d’entendre divers instruments d’époque (de 7 à 20 selon les présentations) qui reproduisent les sonorités originales d’autrefois (Antiquité, Moyen Âge, Renaissance, Nouvelle-France). Voici, accompagnée de photos, une brève description de quelques-uns d’entre eux.

chalemie

Cromorne et chalémie

Le cromorne est apparu à la fin du Moyen Âge et s’est développé fort probablement à partir d’un instrument folklorique d’Europe centrale. En France, on l’appelait aussi tournebout. Sa perce cylindrique et son extrémité recourbée produisent un son «nasillard» qui lui permet d’accompagner aussi bien les instruments «bas» à l’intérieur que les instruments «hauts» destinés aux activités musicales extérieures.  Le cromorne possède une anche double cachée sous un capuchon, ce qui permet au musicien de jouer et de marcher en même temps.

La chalémie est l’ancêtre du hautbois actuel. En ancien français, on l’appelait chalemelle et en italien, ciaramella. La chalémie est un instrument à anches doubles et à perce conique. Son timbre puissant accompagnait souvent les cornemuses, bombardes, saqueboutes, cromornes, cornets à bouquin et trompettes, avec lesquels elle produisait un son riche en harmoniques. Les chansons de Noël, jouées par les bergers et accompagnées par ces instruments, sont à l’origine des pastorales du 17e siècle. La chalémie possédait un son robuste tout à fait adapté aux musiques populaires et aux événements qui avaient lieu à l’extérieur. Au Moyen Âge, les ménétriers qui en jouaient étaient membres de grandes corporations, la plus connue étant la guilde de Saint-Julien des Menestriers, fondée à Paris en 1321. Ce regroupement de musiciens, qui jouaient les hauts instruments, était aussi connu sous le nom de ménestrandise. Quant au mot ménétrier (menestrier), il désignait, à la fin du Moyen Âge, le musicien qui faisait partie de ces associations. Ce terme resta en usage jusqu’au 18e siècle. La ménestrandise de Paris possédait sa rue et sa chapelle, qui fut malheureusement détruite pendant la révolution française. Les rois de France ont entretenu de grandes troupes de ménestrels, et nombre de princes d’Europe les ont imités.

Cistre

Cistre

Le cistre de la Renaissance a pour ancêtre la citole médiévale. Dans les deux cas, l’instrument possède des frettes et des cordes métalliques en nombre variable. Il est joué avec un plectre ou à l’occasion avec les doigts. Durant la Renaissance, le cistre suit le luth de très près en popularité. Avant 1600, le corps et le manche étaient faits d’un seul morceau et dès la fin du siècle, on le fabrique à partir de différentes pièces assemblées. Il est associé à la musique populaire et il se retrouve souvent accroché au mur des salons de barbier. Le cistre et son ancêtre la citole sont aussi apparentés à deux instruments médiévaux: la guitterne et son descendant la mandore. Plusieurs pièces polyphoniques complexes ont été composées pour le cistre et l’instrument a souvent servi d’accompagnement dans les ensembles mixtes (instruments de types différents). Il était joué souvent en Italie et plus tard, au 18e siècle, un cistre venu de France a été introduit en Angleterre et y devint si populaire, surtout auprès des dames, qu’on finit par l’appeler guitare anglaise.

Cornemuse et Musette

Cornemuse et musette

La cornemuse existe depuis au moins 3 000 ans. C’est un instrument à vent possédant un réservoir d’air fait de peau d’animal et muni d’un porte-vent dans lequel on souffle. Dans le cas de la musette française des 17e et 18e siècles, un soufflet situé sous le bras droit du musicien sert à gonfler la poche de cuir, ce qui lui donne la possibilité de se reposer ou même de chanter en jouant. De plus, la cornemuse possède un ou plusieurs tuyaux appelés bourdons, qui produisent un son continu servant d’accompagnement, ainsi qu’un tuyau mélodique (chanteur ou hautbois). Anciennement, le verbe muser signifiait jouer et l’instrument était de toutes les fêtes. Certaines cornemuses étaient aussi appelées chevrettes parce que souvent faites de peau de chèvre. Autrefois, la croyance populaire disait que la cornemuse pouvait amuser, réjouir et guérir autant le corps que l’âme. Au Moyen Âge, on retrouve la cornemuse dans tous les pays occidentaux du Nord au Sud, de la Scandinavie à l’Italie, de l’Est à l’Ouest, de l’Espagne à la Bulgarie. Elle existe aussi depuis longtemps en Afrique du Nord, au Moyen Orient, en Asie centrale et même en Inde. Elle porte différents noms: Biniou (Bretagne); Cabrette (Auvergne); Chabrette (Limousin-Périgord);  Gaïta (Galice et Asturies);  Musa, Piva, Sourdeline, Zampogna (Italie); Musette (Centre de la France); Veuze (Poitou-Nante); Uillean Pipes (Irlande); Highland pipes (Écosse);  Kaba, Djura (Bulgarie); Saackpipa (Suède).

La cornemuse existe depuis au moins 3 000 ans. C’est un instrument à vent possédant un réservoir d’air fait de peau d’animal et muni d’un porte-vent dans lequel on souffle. Dans le cas de la musette française des 17e et 18e siècles, un soufflet situé sous le bras droit du musicien sert à gonfler la poche de cuir, ce qui lui donne la possibilité de se reposer ou même de chanter en jouant. De plus, la cornemuse possède un ou plusieurs tuyaux appelés bourdons, qui produisent un son continu servant d’accompagnement, ainsi qu’un tuyau mélodique (chanteur ou hautbois). Anciennement, le verbe muser signifiait jouer et l’instrument était de toutes les fêtes. Certaines cornemuses étaient aussi appelées chevrettes parce que souvent faites de peau de chèvre. Autrefois, la croyance populaire disait que la cornemuse pouvait amuser, réjouir et guérir autant le corps que l’âme. Au Moyen Âge, on retrouve la cornemuse dans tous les pays occidentaux du Nord au Sud, de la Scandinavie à l’Italie, de l’Est à l’Ouest, de l’Espagne à la Bulgarie. Elle existe aussi depuis longtemps en Afrique du Nord, au Moyen Orient, en Asie centrale et même en Inde. Elle porte différents noms: Biniou (Bretagne); Cabrette (Auvergne); Chabrette (Limousin-Périgord);  Gaïta (Galice et Asturies);  Musa, Piva, Sourdeline, Zampogna (Italie); Musette (Centre de la France); Veuze (Poitou-Nante); Uillean Pipes (Irlande); Highland pipes (Écosse);  Kaba, Djura (Bulgarie); Saackpipa (Suède).

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Gimbarde

Cymbales, tambour de basque, nacaires, timbales, tambour militaire et guimbarde

Les instruments de percussions sont classés en deux groupes: les instruments pourvus d’une peau tendue appelés aussi membraphones, comme le tambour militaire, les timbales, les naquères, le djembé, la caisse claire, etc. et les résonnants ou idiophones, parfois aussi appelés autophones. Ceux-ci sont plus nombreux et sont ceux dont le matériau lui-même produit le son, comme les cloches, les cymbales, les blocs, la guimbarde, le xylophone, les os, le fouet, les maracas, le bâton de pluie et le tambour à friction. Pour les entendre, il faut les secouer, les frapper, les entrechoquer, les frotter, les pincer ou les racler.

Étant donné que ce sont probablement les plus anciens instruments du monde, ils font partie intégrante de la musique de toutes les cultures. On les a utilisés pour toutes sortes d’occasions comme la danse, les marches, la prière, la guerre, les réveils, les repas, pour sonner l’alerte, pour mendier, guérir, soigner ou pour animer les fêtes.

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Flûte à bec

Flûte à bec

La flûte à bec, qui disparut de façon significative de l’art musical vers la fin du 18e siècle, fut réintroduite au 20e siècle. Elle fut très importante durant tout le Moyen Âge, la Renaissance et l’époque baroque.

La flûte est l’un des plus vieux instruments du monde. Certaines fouilles archéologiques ont permis de retrouver des spécimens datant de milliers d’années. Au Moyen Âge, on l’appelait flaüte, frestel, flageol, fistule! Benoit de Sainte-Maure, Chrétien de Troyes ainsi que Guillaude de Loris en font mention dans leurs œuvres littéraires respectives: le Roman de Troie, le Chevalier au lion et le célèbre Roman de la Rose.

Les fleutiers (fabricants de flûtes) savaient déjà les faire en plusieurs tailles dès le 13e siècle. Les bois utilisés fréquemment sont l’érable, le buis, les essences d’arbres fruitiers (poirier, prunier, etc.), le palissandre, le bois de rose, la grenadille, l’ébène et l’olivier.   Plusieurs instruments originaux, datant des 14e et 15e siècles, ont été retrouvés en Hollande, en Allemagne et en Pologne et sont aujourd’hui conservés en Musée.

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Flûte traversière

Flûte traversière

La flûte traversière est représentée dès le 11e siècle sur plusieurs manuscrits retrouvés à Byzance (Constantinople ou Istanbul). Étant donné que cette ville est le point de démarcation entre l’Occident et l’Orient, on pourrait dire que l’instrument a appartenu aux deux civilisations. La flûte aurait même existé chez les Étrusques qui vivaient au centre de l’actuelle Italie, il y a plus de 2 000 ans. On la retrouve aussi dans plusieurs pays d’Asie. La première image occidentale de l’instrument apparaît au 12e siècle sur le manuscrit d’Herrade de Landsberg, qui était abbesse du Mont Sainte-Odile, en Alsace.  Adenet le Roi, ménestrel du 13e siècle, parle dans ses chansons de flahutes d’argent traversaines. Guillaume de Machaut, célèbre écrivain et compositeur du 14e siècle, en fait mention dans son beau poème d’amour Remède de fortune. À partir du Moyen Âge, la flûte était surtout faite de bois; elle était de forme cylindrique ou conique et ne possédait pas, ou peu, de clé. Au 19e siècle, Théobald Boehm, créateur de la flûte moderne, adopta la forme cylindrique et y ajouta un jeu complet de clés. À l’origine en bois, l’instrument est maintenant fait d’alliages de métal utilisant principalement l’argent, le platine et l’or.

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Harpe

Harpe

Instrument à cordes, à rang décroissant, qui possède un cadre triangulaire dont un des côtés est une caisse de résonance. Tout au long du Moyen Âge, la forme du triangle a beaucoup varié (équilatérale, isocèle, scalène). Harper, en ancien français, veut dire saisir les cordes et on sait qu’à l’origine, l’instrument possédait des harpions (petites chevilles de bois posées à la base des cordes) qui produisaient un nasardement ou braiement. Les cordes étaient souvent en métal et la harpe jouait lors des batailles, des réjouissances à l’extérieur ou pour les danses. Harper vient aussi de harponner, c’est-à-dire tirer avec vigueur. C’est la raison pour laquelle, dès ses débuts, la harpe avait un son plutôt rustre. Avec le temps l’instrument s’est adouci, on a commencé à utiliser des cordes de boyaux et à toucher l’instrument avec la pulpe du doigt plutôt qu’avec l’ongle. Le poète Eustache Deschamps disait: «la harpe tout bassement va », indiquant qu’elle était un instrument bas (doux). Dès le 12e siècle, elle se répand partout en Europe, plusieurs rois et reines savent en jouer et elle connaît son âge d’or au 15e siècle. À l’époque féodale, les musiciens ambulants ou les engagés devaient en jouer debout, seuls les nobles pouvaient s’asseoir.

Au fil des années, la harpe est devenue de plus en plus grande. Au 14e siècle, elle avait une étendue d’environ deux octaves, la troisième octave se développa au 15e siècle. La plus ancienne harpe date d’environ 2600 ans avant J. C. et est d’origine sumérienne.  Deux harpes médiévales ont été conservées. Une fut retrouvée en Irlande du nord, elle date du 13e siècle, et une autre du début du 15e siècle se trouve au Musée de la Wartburg, dans la ville de Eisenach (ville natale de J.S. Bach) en Allemagne.

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Luth

Luth

Instrument à cordes pincées descendant de l’oud (al’üd) arabe, lui-même hérité du barbat de la civilisation persane. On le retrouve aussi dans les cultures sumérienne, égyptienne, indienne et chinoise. Les plus vieilles représentations occidentales du luth datent du 10e siècle et figurent sur deux pyxides (coffrets) en ivoire, conservés au Musée du Louvre. L’instrument possède une table en bois avec une ou plusieurs décorations appelées roses ou rosaces. La caisse est piriforme, le fond est bombé et composé de plusieurs côtes. Le manche est plutôt court, possède des frettes et un chevillier renversé presque à angle droit. Fabriquées en boyaux de mouton, en soie et même en métal, les cordes ont varié en nombre au fil des années, allant de sept jusqu’à vingt-sept. Au 14e siècle, en Europe, il y avait déjà plusieurs luthiers et en 1500, à l’époque des ménétriers-luthistes, la musique polyphonique était notée de façon particulière sous forme de tablature. Gratté avec un plectre ou pincé avec les doigts, le luth a été utilisé à partir du Moyen Âge jusqu’à l’époque de Jean-Sébastien Bach. Il servait à jouer des pièces instrumentales et à accompagner le chant. Il a voyagé jusqu’en Amérique; on sait qu’il était l’instrument préféré de monsieur de Maisonneuve qui a fondé Montréal en 1642.

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Lyre

La lyre est un instrument intimement lié à l’Antiquité. Elle est disparue avec la chute de Rome, à la fin du 5e siècle de notre ère. On la retrouvait sous différentes formes, symétrique, asymétrique, quadrangulaire, en U, en S, avec ou sans caisse de résonance.  À quatre cordes, elle symbolisait les quatre éléments (terre, eau, air, feu) et à sept cordes, les planètes et les jours de la semaine. On en a retrouvé plusieurs spécimens dans les tombes des sépultures royales d’Ur (en Mésopotamie), une entre autre toute en bois, décorée d’une tête de taureau. Cependant, la lyre médiévale qu’on retrouve entre le 6e et le 14e siècle provient davantage des cultures scandinave et septentrionale que méditerranéenne. On sait qu’elle était jouée à l’épaule, entre les jambes, et certaines avec un archet comme le crwth (croute) gallois.

Un instrument appartenant à la même famille s’appelait ala bohemica (aile de bohème), à cause de sa forme ailée. Cette lyre avait des cordes couchées à l’horizontale au-dessus de la caisse de résonance, plutôt qu’à la verticale comme pour la harpe. Les bardes s’accompagnant à la lyre chantaient les récits et les grandes épopées qui perpétuaient d’une génération à l’autre la mémoire des ancêtres. Une autre sorte de lyre était appelée psaltérion. Cet instrument était en forme de triangle ou de trapèze et ses cordes pouvaient être pincées, frottées ou frappées.

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Saqueboute

Saqueboute

Saqueboute est le nom qu’on a donné au trombone jusqu’à la fin du 18e siècle. De plus, le terme saqueboute a été utilisé pour nommer une lance de guerre et aussi une grande perche servant à faire avancer de petites embarcations en eau peu profonde.

C’est au 15e siècle, en 1468, que l’instrument est mentionné pour la première fois. On dit qu’il a sonné pour le mariage du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire.  En latin, on le nommait tuba ductilis et en Italie, trompone. La buisine, grande trompette droite (parfois à coulisse), est l’ancêtre de la (du) saqueboute. Plusieurs ensembles de hauts (forts) instruments étaient composés, en plus des saqueboutes, de bombardes (instruments à anche double de la famille du hautbois), de chalémies (voir description plus bas), de cornets à bouquin (corne de bois recouverte de cuir possédant une embouchure comme la trompette ou le cor de chasse et des trous de jeu comme la flûte), de cromornes, de cornemuses et de divers instruments de percussion. L’Allemagne devint, à partir du 16e siècle, le plus grand fabricant de hauts instruments.

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Vielle à roue

Vieille à roue

Au Moyen Âge, la vielle à roue portait aussi les noms organistrum, lira, cyfoine, armonie, sinfonie et chiphonie. Il s’agit d’un instrument à cordes frottées dont l’archet est remplacé par une roue actionnée à l’aide d’une manivelle. Au 10e siècle, l’abbé Odo de Cluny a donné des instructions pour la fabrication de l’organistrum. À cette époque et jusqu’au 12e siècle, l’instrument était joué par deux personnes.

À partir du 13e siècle, la vielle est devenue portative. Elle était tenue grâce à un baudrier (ceinture) et pouvait être jouée par une seule personne. À l’origine, elle était diatonique et vers la fin du 15e siècle, elle est devenue chromatique. Cet instrument a souvent été associé aux classes sociales pauvres et aux démunis, ce qui n’a pas empêché Chédeville, Haydn, Mozart et Vivaldi d’écrire pour la vielle à roue!

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Vieille à archet

Vièle à archet, violon, viole de gambe et rebec

Le violon, comme on le connaît aujourd’hui, a émergé au milieu du 16e siècle, mais déjà autour des années 1520, on utilisait le terme Violetta pour décrire un instrument avec trois cordes, sans frette, cintré, avec des côtés étroits et des ouvertures en f. En 1529, l’artiste italien Gaudenzio Ferrari a peint pour la première fois un violon dans son chef-d’œuvre, le Chœur des anges, qu’on peut voir à l’intérieur de l’église de Saronno. C’est aussi entre 1520 et 1550 que sont nés l’alto et le violoncelle. Même si c’est en Italie, à Brèche (Brescia) et à Crémone (Cremona), que le violon s’est le plus développé et qu’il a connu ses heures de gloire, il n’est pas apparu du jour au lendemain et il demeure tout à fait inutile de vouloir attribuer son invention à une personne ou même à un pays.

Du 11e au 16e siècle, les trouvères et les troubadours jouaient la vièle à archet (viella en Italie, fiddle en Angleterre, fiedel en Allemagne). Son nom dérive de vitula ou vitular qui voulait dire se réjouir. La vièle à archet a sonné dans plusieurs pays occidentaux durant les cinq cents dernières années de l’époque médiévale et elle est considérée comme l’ancêtre direct du violon. D’autres instruments similaires, mais de facture différente, ont précédé le violon : la viola da braccio (jouée à l’épaule) et aussi le rebec (de l’arabe rebab), un petit instrument à trois cordes frottées dont la caisse et le manche sont faits d’un seul morceau. À cause de sa forme, le rebec était aussi appelé marionnetta car il était souvent joué par les jongleurs qui s’en servaient pour accompagner les représentations de marionnettes ainsi que le récit des chansons de gestes.

Parmi les premiers violons à avoir survécu, mentionnons ceux de la famille Amati. Le père Andrea Amati (1505-1580), ses fils Antonio et Girolamo et surtout son petit fils Nicolò Amati (1596-1684) furent de grands maîtres. Gasparo Bertolotti (1540-1609) et son élève Giovanni Maggini (1580-1632) furent célèbres à Brescia, mais la mort de Maggini en 1632 marqua la fin de l’école de Brescia. C’est surtout à Cremona, vers 1640, que Nicolò Amati fonde une vraie institution de fabrication de violons. C’est alors que les détails de fabrication et d’esthétique s’améliorent. La qualité des instruments grandit et le talent d’enseignant de Nicolò fera naître une génération de luthiers de talent: Andrea Guarneri (1623-1698), Francesco Rugeri (1620-1695) et probablement Jacob Stainer (1617-1683), un fabricant autrichien qui construisit ses violons sur le modèle allemand. Les instruments de Stainer ont, à plusieurs points de vue, surpassé les violons de Cremona.  Beaucoup de musiciens au 18e siècle s’arrachaient ses instruments et acceptaient même de payer le double du prix des violons italiens. Giuseppe Guarneri del Gesù (1698-1744) fit aussi partie avec plusieurs autres de cette grande école de Cremona, mais c’est un autre élève de Nicolò, Antonio Stradivari (Stradivarius) (1644-1737) qui raffina et finalisa la forme du violon. Il est aujourd’hui reconnu comme étant le plus grand luthier.

Quant aux archets, on en retrouva plusieurs tout au long de l’histoire des instruments à cordes frottées, mais c’est avec François Tourte (1747-1835) que l’archet moderne prend naissance. De plus, il faut savoir que les cordes de l’époque étaient en boyaux et accordées beaucoup plus bas que pour les violons modernes, ce qui donne un son totalement différent. Aux 17e et 18e siècles, plusieurs violons sont arrivés avec les premiers habitants européens venus s’établir en Nouvelle-France et en Nouvelle-Angleterre. Les maîtres à danser utilisaient aussi la pochette, un tout petit violon long qui était inséré dans la poche et qui servait d’instrument pour accompagner l’enseignement des danses. Le violon est sûrement un des plus remarquables instruments de l’histoire de la musique, tant par son apparence, sa simplicité et sa complexité de fabrication, que par ses capacités d’expression musicale.

Avant la naissance du violon, un autre instrument à cordes frottées résonnait dans toutes les cours d’Europe et aussi en Amérique : la viole de gambe (viola da gamba en italien). Jouée entre les jambes, avec un manche possédant des frettes et un fond plat, l’instrument était la plupart du temps accordé comme un luth. L’origine de la viole de gambe remonte au 15e siècle. Il existait en Espagne deux instruments : la vihuela de mano (qui donnera naissance à la guitare espagnole) et la vihuela de arco construite sensiblement de la même façon mais jouée avec un archet. Ce dernier instrument donna naissance à la viola da gamba qui a servi pendant plus de cent ans à faire entendre les plus beaux contrepoints de la Renaissance.

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